Dans un contexte politique qui donne assez peu de visibilité sur les prochains mois, il serait bien hasardeux de prédire les décisions qui toucheront le monde enseignant.

Après cinq années de ministère Blanquer, avec un nouveau ministre, Pap Ndiaye, et avec une Assemblée nationale qui se met en place, nous patientons entre les programmes des uns et les promesses des autres.

Nous pouvons tout de même nous baser sur deux sources émanant d’élus qui seront toujours en poste : la feuille de route présidentielle et le rapport du Sénat présenté le 9 juin.

La feuille de route du Président

Conscient de la crise de recrutement, Emmanuel Macron continue d’affirmer qu’il faut revaloriser la profession d’enseignant. Il explique qu’il s’agit d’un métier essentiel. Personne ne le contredira, mais nous sommes convaincus que bien d’autres corps de métier ont la même revendication. Le président a précisé qu’il voulait continuer « d’accompagner les premières années et notamment sur la question du logement ».

L’éternelle promesse de revalorisation

La revalorisation envisagée serait d’environ 10% à laquelle  « pourraient s’ajouter des revenus supplémentaires pour les enseignants qui rempliraient de nouvelles missions ». Sont évoqués des remplacements, du soutien, le lien avec le monde de l’entreprise. En second degré, les enseignants peuvent déjà effectuer des remplacements de leurs collègues et des heures de soutien scolaire ou d’aide aux devoirs. Sur ce dernier point, nous déplorons la faiblesse des moyens attribués aux établissements. Les enseignants du premier degré ne sont plus concernés par ces dispositifs et ne seront certainement pas amenés à faire du lien avec le monde de l’entreprise.

Rien de vraiment nouveau

L’allègement des effectifs devrait être poursuivi en école primaire, notamment avec le dédoublement de certaines classes. Cette mesure ne concerne pas les établissements privés. Ceux-ci ne sont pas viables sur le plan économique avec des effectifs de moins de 20 élèves par classe.

A nouveau, le Président a évoqué l’idée de « permettre aux directeurs de donner leur avis sur le recrutement des enseignants ». Cette possibilité existe déjà puisque les chefs d’établissements du Privé émettent un avis prévu par l’article 4 de la Loi Debré. Ils peuvent refuser un candidat à condition que le motif soit reconnu valable par l’administration. Il ne s’agit en aucun cas de choisir l’équipe pédagogique comme le pensent certains chefs d’établissement.

Le rapport du Sénat

Le 9 juin dernier, Gérard Longuet a remis le rapport du Sénat sur la crise d’attractivité du métier, avec un certain nombre de préconisations.

Ce rapport souligne la nécessaire hausse des rémunérations des enseignants débutants. Il demande la création d’une  « bonification pour les enseignants des disciplines et des territoires où le déficit est le plus important ». Cette mesure peut déjà être prise par le rectorat pour recruter des délégués auxiliaires. L’étendre aux titulaires pose des problèmes juridiques. Nous ne sommes pas certains qu’elle règle le problème du recrutement qui touche de plus en plus de territoires.

Accompagner les débutants et cibler la formation continue

Le rapport du Sénat suggère d’étendre l’accompagnement des professeurs débutants pendant les deux ou trois premières années d’enseignement. Il estime aussi qu’il faut améliorer la consommation des crédits de formation continue. Effectivement, ceux-ci sont généralement sous-consommés. L’idée serait de mettre en place une incitation financière à la formation continue. Le rapport pointe un nécessaire ciblage des formations sur les thèmes disciplinaires et la gestion de classe. Nous pensons que la question de la formation est certainement plus complexe que ce qui est décrit. Dans les instances de Formiris où nous siégeons, nous œuvrons pour adapter les offres aux besoins. Il est surtout primordial de dégager du temps de formation, ce qui est lié au problème de recrutement.

Créer des espaces de travail en équipe

Un dernier thème a retenu notre attention. Il s’agit de la recommandation d’intégrer la création d’espaces d’échange et de collaboration entre professeurs lors de toute nouvelle construction de bâtiments scolaires. Nous soutenons cette idée depuis de nombreuses années et nous pensons qu’il faut l’étendre à toute rénovation d’établissement scolaire. Bien des collègues témoignent de leur difficulté à travailler dans leur établissement en dehors de leurs heures de cours.

Nous suivrons dans les mois qui viennent les propositions et les décisions des nouveaux élus et des nouveaux nommés. En attendant, nous continuons de défendre les intérêts des enseignants dans toutes les instances où nous siégeons.