Au mois de mars 2024, nous avions évoqué les changements effectués dans la gestion des maîtres délégués. Le reclassement constituait le point d’orgue des nouveautés. A l’époque, nous avions indiqué trois points de vigilance sur ce nouveau cadre de gestion. Revenons-y.
Encore des salaires non versés
Tout d’abord, pour la deuxième année consécutive, certains maîtres délégués ont découvert avec stupéfaction qu’ils ne toucheraient pas leur salaire au mois de septembre. Le nombre d’agents concernés est inférieur à celui de l’an dernier, mais ils ont été rejoints par tous les enseignants en contrat définitif qui ont changé d’établissement. Ceux-ci ont eu la mauvaise surprise d’une baisse de salaire induite par le report du versement des primes. A nouveau, le Spelc CPC s’est manifesté auprès des services académiques pour protester contre cette gestion inadmissible et pour exiger des corrections les plus rapides possibles.
Des congés payés à géométrie variable
L’ancien système des indemnités de vacances a été abrogé pour laisser place à l’ICCA (Indemnité compensatrice de congés annuels).
Aucun souci pour les maîtres délégués qui ont signé un contrat à l’année, soit jusqu’au 31 août 2024. Ils toucheront leur salaire en juillet et août.
En revanche, en cas de plusieurs contrats non successifs (avec interruption même d’une journée), l’indemnité sera calculée à chaque fin de contrat. La durée du congé annuel sera proratisée en fonction de la durée cumulée de leurs contrats successifs et de leur quotité de travail. Le montant de l’indemnité en découlera et il faut avouer que son calcul en amont est extrêmement compliqué.
Le Spelc CPC a demandé que les règles soient les mêmes pour le 1er et le 2d degré en cas de contrats qui se terminent à la fin de l’année scolaire. Les salaires de juillet et août seront versés.
Une inspection triennale
Le dispositif d’avancement automatique laisse place à une évaluation professionnelle alignée sur celle de l’enseignement public. En voici les principales modalités :
- Une évaluation triennale
- Un rapport d’inspection suite à une visite basée sur un référentiel identique à celui des maîtres titulaires.
- Un compte-rendu rédigé par le chef d’établissement
- Au final, une appréciation générale délivrée par l’autorité rectorale ou académique
- Des possibilités de recours (demande de révision, saisie de la CCM) identiques à celles des maîtres titulaires.
L’appréciation et le classement du maître délégué peuvent aboutir à un changement de niveau (terme qui a été choisi pour remplacer celui d’échelon).
Le maître délégué peut s’honorer du titre d’agent le plus évalué du système, et de très loin. Chaque contrat fait l’objet d’un rapport de suppléance de la part du chef d’établissement. Le rythme d’une inspection triennale peut s’avérer très riche en conseils. Il est à mettre en perspective avec les trois seuls rendez-vous de carrière d’un titulaire.
Un accompagnement trop faible
Le nouveau cadre de gestion prévoit la mise en place « d’une formation d’adaptation à l’emploi selon leur parcours professionnel et d’un tutorat » pour les maîtres délégués.
Sur le terrain, la réalité est toute autre. Le nombre de maîtres délégués inscrits en formation n’a jamais été aussi bas. Le système de tutorat, quand il est appliqué, se heurte à la difficulté de recrutement des tuteurs. Cette tâche, aussi importante soit elle, vient s’ajouter aux multiples missions déjà remplies par un enseignant en 2024.
Le statut de maître délégué reste très peu attractif. Rappelons que ces enseignants remplissent les mêmes missions que les titulaires et qu’ils permettent de maintenir des services dans des établissements dépourvus en maîtres. Une revalorisation de leur rémunération et un renforcement de leur accompagnement sont absolument nécessaires.