Lors de la conférence de rentrée, le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique a surpris l’assistance par des prises de position offensives. Volontairement provocateur, Guillaume Prévost a tenu des propos inquiétants qui remettent en cause le périmètre du caractère propre et le principe de laïcité.
Un discours qui heurte
Dans son discours, il a revendiqué une plus grande liberté dans la proposition pastorale sur les temps d’enseignement. Quand il affirme “Moi je pense qu’il faut autoriser les enseignants qui le souhaitent à dire une prière avec leurs élèves”, son objectif est clairement de faire bouger les lignes. Il ajoute que “les enseignants du Privé sont des agents publics de l’Etat, mais pas des fonctionnaires et qu’ils ne sont pas soumis au principe de neutralité”.
Le Spelc Centre Poitou-Charentes ne souscrit d’aucune façon à ces propos et rappelle son attachement aux textes qui encadrent le statut des enseignants du Privé.
Le positionnement historique du Spelc
Depuis la Loi Debré en 1959, le Spelc a œuvré le premier pourl’obtention du contrat d’associationdans les établissements au lieu du contrat simple et le statut de droit public pour les enseignants
C’est en 1982, lors du congrès de Lille que le Spelc a présenté ce statut appelé « la 3ème voie ». L’aboutissement en a été la promulgation de la Loi Censi de 2005. Martine Schulé, alors Secrétaire générale adjointe de la Fédération des Spelc, se rappelle les débats houleux à l’Assemblée nationale. Dans l’Enseignement catholique, il y avait encore des groupes plus ou moins influents pour refuser ce statut. Il a fallu le soutien sans faille du Secrétaire général de l’Enseignement catholique Paul Malartre pour que cette Loi soit votée.

Les engagements du contrat avec l’Etat
Un enseignant sous contrat avec l’Etat doit respecter les principes juridiques généraux de l’Education nationale, parmi lesquels figurent la laïcité. Il doit par exemple maîtriser la première des 14 compétences du référentiel : faire partager les valeurs de la République (liberté, égalité, fraternité, laïcité). Tout ce qui englobe l’activité scolaire relève de l’application stricte de la neutralité des enseignants.
Une prière ou toute proposition pastorale n’est possible que si elle est facultative, dans le respect de la liberté de conscience des élèves et des personnels, à condition qu’elle ne se situe pas sur le temps d’enseignement. Et si c’est le cas, les heures de cours perdues doivent être rattrapées.
Inquiétude pour les communautés éducatives
Cette sortie médiatique dont les mots ont été choisis avec minutie annonce des temps difficiles pour les communautés éducatives. Elle a lieu dans un climat déjà tourmenté pour les établissements de l’enseignement privé sous contrat, soupçonnés, parfois à juste titre, de se soustraire aux obligations qui les lient à l’Etat. Elle relance une polémique qui attise les velléités des acteurs politiques hostiles à l’Enseignement catholique. Elle nuit aux personnels qui souhaitent exercer leur métier sereinement, dans le respect des règles en vigueur. Encore plus grave, elle risque de fracturer les équipes dans les établissements.