Deux ans après son entrée en vigueur, la réforme des retraites pourrait être suspendue. Il est toujours possible de jouer sur les mots, suspension, gel, décalage… Pour être précis, le projet décale dans le temps l’application de la réforme Borne.
On peut parler de gel pour deux paramètres jusqu’à janvier 2028 :
- l’âge légal à partir duquel on peut partir à la retraite.
La marche en avant vers les 64 ans serait stoppée à 62 ans et 9 mois.
- la durée de cotisation
Ce paramètre est fondamental puisqu’il il faut cotiser un nombre de trimestres pour bénéficier d’une retraite à taux plein, sans décote, c’est-à-dire sans réduction de son montant. La marche en avant serait stoppée à 170 trimestres.
La génération née en 1964 serait la première à bénéficier de ce gel. L’application de la réforme Borne reprendrait sa marche en avant en 2028. Entre temps, l’instabilité politique et la prochaine élection présidentielle auront probablement rebattu les cartes.

Pour mettre en pause la réforme, le gouvernement a rédigé une « lettre rectificative » au projet de la loi de finances de la Sécurité sociale. Financer cette décision demanderait un effort aux retraités et aux complémentaires santé.
Plusieurs mesures ont été avancées :
- gel des pensions de retraite et des prestations sociales en 2026
- sous indexation en dessous de l’inflation pendant 4 années
- plafonnement de l’abattement fiscal des retraités
- non revalorisation du barème de l’impôt
- doublement des franchises médicales
Elles sont actuellement débattues dans les assemblées, d’autres pistes ne sont pas à exclure. Cette suspension de la réforme Borne s’apparente à une victoire à la Pyrrhus pour ses opposants. D’une part, la recherche de financement est susceptible d’entraîner des compensations défavorables. D’autre part, rien ne garantit un meilleur sort pour les futurs retraités les plus modestes.