Le 5 octobre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale, présentait son « Choc des savoirs« .

A l ‘époque, la formule choc, a été plutôt bien accueillie par les médias et le grand public. Presque six mois plus tard, bien des idées énoncées se heurtent à des résistances, à des difficultés de mise en oeuvre et souvent au principe de réalité.

 

Les groupes de niveaux au collège

Au fil des mois, la pertinence pédagogique du dispositif a été mise en cause. Aujourd’hui, les chefs d’établissement tirent la sonnette d’alarme devant les nombreux problèmes induits en terme d’organisation. Cette idée nécessite un recrutement supplémentaire dans des matières où le recours aux maîtres délégués est déjà conséquent.

Cette situation est aggravée par l’absence d’accord entre l’Enseignement catholique et le ministère sur l’attribution de moyens supplémentaires pour la mise en place des groupes de niveaux. La nouvelle Ministre ne parle d’ailleurs plus de groupes de niveaux, mais simplement de groupes, face aux questions pédagogiques soulevées. A l’heure de préparer la rentrée de septembre 2024, les chefs d’établissement et leurs équipes sont dans l’incertitude totale.

L’obligation de formation en dehors des heures de cours

Une des obsessions du ministère est la chasse aux heures de cours « perdues ». L’attribution de très nombreux pactes de remplacement de courte durée en second degré est une mesure qui poursuit cet objectif. La programmation des formations en dehors du temps scolaire aussi.

Concrètement, cette obligation réduirait considérablement les propositions de formation dans le calendrier. Les formateurs ne travailleraient que pendant les périodes de vacances scolaires. Un tel dispositif est difficile à imaginer. Cette obligation ne doit pas conduire à la mise en place de temps de formation très courts y compris lors de la pause méridienne ou après les cours.

Le retour de l’autorité enseignante pour les redoublements

Etudes scientifiques à l’appui, il était démontré et expliqué que le redoublement n’était pas bénéfique. Le mot était pratiquement banni du vocabulaire dans les établissements. A partir de 2024, les enseignants pourraient prescrire des accompagnements pédagogiques obligatoires et même imposer un redoublement, ceci sans l’accord des familles. Actuellement, il faut un accord de la famille et de l’équipe enseignante validé par l’inspecteur de l’Education nationale.

Comme les fédérations de parents d’élèves du public, l’Apel s’oppose à ce retour en arrière. Les décrets sont attendus. Ils redéfiniront les équilibres éducatifs, probablement pas autant que dans les annonces du 5 octobre 2023.

Du choc à la confusion

D’autres annonces sont moins médiatisées. Nous sommes dans l’attente de précisions et de textes officiels.

La simplification des programmes en premier degré. La labellisation et le financement des manuels en CP et CE1. La réécriture des programmes d’EMC du CP à la Terminale. Le renforcement des volumes horaires des enseignements généraux en lycée professionnel. L’évolution de l’exigence des examens du brevet et du baccalauréat. Autant d’idées lancées qui pourraient correspondre à de véritables chantiers.

Il est à craindre que les textes sortent tardivement et que les enseignants, une fois de plus, doivent s’adapter à des changements sans avoir réellement eu le temps de se concerter et de se préparer. Nous avons aussi appris que les coupes budgétaires annoncées concerneront l’Education nationale à hauteur de 692 M€ pour 2024.

Autant d’éléments qui génèrent incertitudes et confusion dans la perspective de la prochaine rentrée.